• Pour que Dieu naisse en moi (Maître Eckhart) 

     

     

    Je vais essayer de vous dire une chose toute simple, si simple qu’on passe la plupart du temps à côté d’elle, et cette chose, cette parole vient d’un grand mystique qui est connu sous le nom de Maître Eckart :

     

    A celui qui me demanderait : pourquoi prions-nous ? pourquoi faisons-nous tant d’efforts au long de notre vie ? pourquoi sommes-nous baptisés, pourquoi Dieu s'est-il fait homme? Je dirais : pour que Dieu naisse dans l'âme et que l'âme naisse en Dieu. C'est pour cela que Dieu a créé le monde et qu’il a créé l’homme et que je suis sur terre, un peu de temps... afin que Dieu naisse dans l'âme et que l'âme naisse en Dieu. (Sermon 38, Missus est, p. 48)

     

     

    Ce mystique allemand du XIVe siècle ne dit pas autre chose que ce que disait déjà saint Augustin des siècles plus tôt : « Seigneur, quand je ne Te connaissais pas encore, Tu étais avec moi, plus intérieur à moi que je ne le suis moi-même», c'est-à-dire plus intérieur à mon fond le plus intime, au fond de mon fond. L'esprit découvre Dieu présent en lui, comme un au-delà de lui-même. «Je te cherchais dehors et tu étais dedans», dit encore saint Augustin. Et enfin ce mot : «En toi, il y a quelqu'un de plus grand que toi. »

     

    En nous, il y a comme un puits d’eau vive et nous le savons si peu !

     

    Il y a dans la Bible un épisode tout à fait remarquable qui illustre ce que je veux dire :Il y avait eu une famine au temps d’Abraham ; mais de nouveau la famine revient dans le pays au temps de son fils Isaac. Celui-ci part donc au pays des Philistins. Il y ensemence la terre et récolte cent pour un, jusqu’à devenir très riche. Ses troupeaux de petit bétail, ses troupeaux de gros bétail et ses nombreux serviteurs rendent les Philistins jaloux à tel point qu’ils bouchent en les remplissant de terre tous les puits que les serviteurs de son père Abraham avaient creusés en son temps. Isaac creuse de nouveau et y trouve de l’eau vive.

     

    Il y a dans cet épisode tout ce que j’essaie de vous. Écoutez, je vous en lis un extrait : Le peuple meurt de soif, même en face des Écritures, jusqu'à ce qu'Isaac vienne les ouvrir... Il ouvre les puits, et nous enseigne que le lieu où l'on doit chercher Dieu, c'est notre cœur... Voyez donc qu'il y a sans doute aussi dans chacune de nos âmes un puits d'eau vive, comme un certain sens céleste et une image de Dieu cachée. C'est ce puits que les Philistins, c'est-à-dire les Puissances adverses, ont empli de terre... Mais notre Isaac a recreusé le puits de notre propre cœur, et il en a fait rejaillir des sources d'eau vive... Si donc aujourd'hui même vous m'écoutez fidèlement, Isaac accomplit son œuvre en vous, et en purgeant votre cœur il vous ouvre les mystères de l'Écriture et vous fait croître dans son intelligence... Dieu est près de vous, il est même en vous, il enlève la terre de chacune de vos âmes et en fait jaillir l'eau vive...

     

    A la question : que t’apprend Maître Eckart ?, Alexandre Jollien répond : « Il m’apprend à me libérer de tout, y compris de Dieu, pour aller vers Dieu. » Faudra-t-il me libérer de Dieu ? Eh, oui. Car le Dieu que je m’imagine, n’est pas Dieu ; il n’est qu’une idée de Dieu, une idole de Dieu. Il faut m’en détacher pour que Dieu même trouve place en moi. Et comment m’y prendre ? Que faire ? Suivre tout simplement le chemin vers Dieu, qui est le Christ – lui qui nous rassemble ici, maintenant : « Je suis, dit-il, le chemin, la vérité et la vie ». C’est vers lui que je me tourne.

     

    Et pourquoi vous dis-je cela ?

     

    Michel Delpech, eh oui, Michel Delpech, la star des yé-yé, évoque à sa façon ce que j’essaie de vous dire dans un petit livre, son chemin vers Dieu :

    « … j'allais au plus mal. Mais les choses sérieuses sont arrivées quand j'ai commencé à tourner la page noire de ma vie – une forte dépression -, à quoi je ne m’attendais pas. Quand j'ai amorcé la sortie de mon mal-être pour regarder autour de moi, afin de remonter la pente, il m'a fallu piocher au plus profond de mon être, dans le fond du fond. Je suis spontanément retourné dans les églises que j’avais abandonnées après l’enfance ; elles m'attiraient et je m'y sentais bien. C'est en fait là, dans le silence, que je rentrais le mieux en moi. Je ne nommais pas encore Dieu… »

     

    « Une minute de recueillement et tu as accès au contenu de ton puits », dit Yves Girard (dans Le vide habité, p. 85).

     


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  •  Le 19 mars 2013. Giboulées et bourrasques. Avec J. et L., deux membres de l'aumônerie du CHS, je prépare la salle polyvalente de l'une des deux UMD (Unité pour Malades difficiles, qu'on appelle plus couramment « Sûreté » chez nous) pour la rencontre mensuelle avec les malades qui le souhaitent. Habituellement ces rencontres prennent la forme très simple d'une célébration avec chants, prières, lecture et méditation d'un texte d'Evangile et surtout écoute de ce que les uns et les autres ont à dire. Aujourd'hui, en la fête de saint Joseph, je célèbre l'eucharistie. Oh, nous ne sommes pas nombreux, dix en tout. Ce n'est pas la foule immense de la place Saint-Pierre accourue de tous les coins de la terre pour la messe inaugurale du ministère de notre pape François. Mais très vite nous vivons un moment de lumière, de paix, d'échange, de fraternité avec le Christ au milieu de nous. On ne peut pas vivre une messe mieux que nous l'ayons fait ce matin-là. Un des participants m'embrasse à la fin. « C'était fort », dit-il. Et simple, comme a voulu notre pape que soit la messe inaugurale de son nouveau ministère. Il me semble que nous avions vécu un moment d'éternité.

    Le 2 septembre 2013. Dialogue avec une dame : A propos des handicapés profonds, ceux qu’on appelait il y a une trentaine d’années les oligophrènes, ou plus vulgatirement des « légumes », et maintenant des PHA (personnes handicapées adultes). C. me disait tout à l’heure : pourquoi les laisse-t-on vivre ? Que font-ils sur terre ? Et pourquoi le Bon Dieu permet-il qu’ils naissent ainsi ? Que de fois ai-je entendu ces questions. Je me suis souvenu du témoignage d’un éducateur qui travaillait dans le cadre de l’Arche. L’Arche fondée par Jean Vanier a pour mission de permettre aux handicapés mentaux, grâce à une vie partagée, de prendre leur juste place dans la société. L’éducateur en question disait que ces handicapés étaient peu à peu devenus pour lui de vrais maîtres spirituels. Leur vitalité n’arrive pas à s’extérioriser, comme celle des personnes « normales » ; ils n’en sont pas moins enfants de Dieu, habités par la grâce divine, même si leur intériorité est comme prise dans un bloc de béton. Cela a été pour moi comme une révélation. Je revois les célébrations que j’ai vécues avec des personnes semblables et pense tout particulièrement à Lucien; il tenait avec émotion un cierge allumé qu’on lui avait remis et regardait la flamme. Son visage s’illuminait comme celui de Moïse descendant du Sinaï, après sa rencontre avec Dieu. Moment d’éternité dans une journée toute ordinaire.

     Le 3 septembre 2013. C’était il y a longtemps, dans mes premières années de service en psychiatrie. Jean-Pierre était assis seul à une table dans la salle commune d’une UMD et roulait une cigarette. Je me présente. Lui aussi. Il avait du papier à écrire devant lui et un stylo à bille. – Vous restez en relation ave le monde extérieur, dis-je, puisque vous êtes en train d’écrire. Oui, répondit-il. Il marqua un moment d’arrêt, comme s’il cherchait quelque chose à dire. - Vous savez, ajouta-t-il, ils ne sont pas nombreux mes correspondants. Une seule personne m’écrit… - Puis-je savoir qui ? - La maman de Jeannine. Jeannine, ma compagne de vie. L’émotion l’étreignit jusqu‘aux larmes. Je viens du pays de la Loire, dit-il (il me parla un peu de son pays, de son village). Quant au motif de mon transfert ici, reprit-il, j’ai honte de le dire. -Allez-y, dis-je… C’est moi qui ai tué Jeannine. Il me regarda d’un regard infiniment triste. - Et vous aimiez la fille... ? - Je ne comprends pas, dit-il, pourquoi j’ai fait cela. Il resta un long temps en silence. Moi aussi. - Est-ce que vous me pardonnez ? demanda-t-il ? Est-ce que le Bon Dieu peut me pardonner ? Je voudrais me confesser. Il ouvrit son cœur à Dieu et je sentis la paix l’inonder, une paix plus profonde que le remords qui le taraudait comme une vrille qui s’enfonce dans la chair, comme il arrive certains soirs d’automne quand le ciel est chargé de tous côtés, et que le soleil lance une dernière lueur, avant de se coucher, par surprise, par miracle. Moment d’éternité.

     

     


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  • «Ceux qui s'étonnent de croire comprennent ceux qui se montrent indifférents à la foi.

    Car l'indifférence pose à la foi la plus redoutable question : non pas l'opposition qui reconnaît toujours son adversaire et, par là, l'honore, mais celle du désintérêt. Le Christ s'est intéressé à l'homme, s'exposant à la mort publique et déshonorante. Et il ne force personne. Il est là, silencieux, sans reproche ni amertume. Disponible. Ce don total et muet attire ceux dont la totalité de la vie plonge dans un silence auquel nul autre ne fait attention. La percevoir, c'est prendre la route et faire son chemin. Non pas un système religieux, mais une conduite. Et une conduite accompagnée.» d’Albert Rouet.

     


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    Loup Besmond de senneviLLe

    Le diocèse de Poitiers procédera à la rentrée à une vaste réorganisation de son territoire, instituant 28 « paroisses nouvelles », qui s’appuieront sur les « communautés locales », lancées il y a vingt ans par Mgr Rouet.Aujourd’hui, ces communautés sont devenues indispensables pour assurer la présence des chrétiens dans des territoires où les prêtres se font de plus en plus rares.

     

    PoiTiers installation du nouveau prêtre et de la communauté locale à Lezay (deux-sèvres) par le p. Gérard mouchard, vicaire général. Ces équipes locales d’animation permettent d’assurer une meilleure présence de l’Église et d’entretenir des liens jugés « indispensables » .

    NIORT, MAZIÈRES-EN-GÂTINE De notre envoyé spécial

    Il y a une histoire que Mgr Albert Rouet, archevêque de Poitiers entre 1994 et 2011, aimait à raconter. Alors qu’il avait entamé, lors de son arrivée dans la région, une tournée des villes et des villages, plusieurs maires l’interpellèrent : «  Monseigneur, qu’allons-nous devenir? À la suite de la poste, les commerces et les lignes de chemin de fer, l’Église va-t-elle, à son tour, nous abandonner ? »

    Quelques mois après naissaient les « communautés locales », structures inédites à l’époque, réunissant un ou plusieurs clochers pour mieux assurer la présence de l’Église. Vingt ans plus tard, alors que le successeur de Mgr Rouet, Mgr Pascal Wintzer, vient d’annoncer un redécoupage paroissial, 310 communautés de ce type sont installées sur tout le territoire. Ailleurs en France, l’initiative a inspiré certains diocèses. À leur tête, des «  équipes locales d’animation  », composées par des délégués chargés de la prière, de l’annonce de la foi et de la charité, désignés par un prêtre, forment la tête de pont de ces communautés. S’y ajoutent un « délégué pastoral » et un trésorier, élus par les paroissiens. Tous ont été officiellement installés par l’archevêque ou le vicaire épiscopal, pour un mandat de trois ans renouvelable une fois.

    Réunis ce jour-là dans la salle paroissiale de Mazières-en-Gâtine, un petit millier d’habitants, Philippe Feneon, 75 ans, Marie-Noëlle Desnoues et Hélène Blaud, 63 ans toutes les deux, ne doutent pas un instant de la pertinence de ces communautés, devenues à leurs yeux indispensables. Par exemple pour mener à bien l’organisation des funérailles, quasiment toutes présidées ici par des laïcs.

    «  La semaine dernière, j’ai passé deux heures et demie dans une famille, après la mort du mari. Sa veuve et sa fille, qui ne mettent jamais les pieds à l’église, se sont beaucoup confiées, elles avaient besoin de parler. Et après la cérémonie, elles sont revenues me dire : “J’espère que vous passerez me voir.” »

    Des anecdotes comme celles-ci, ces anciens agriculteurs peuvent en raconter des dizaines. Toutes illustrent, insistent-ils, cette manière d’«  entretenir des liens  » dans cette zone rurale où les distances sont considérables et les villages faiblement peuplés. «  C’est vraiment la cellule de base, renchérit Hélène. À partir de septembre, nos communautés locales seront intégrées dans une paroisse bien plus vaste que l’est notre secteur actuel. Or, plus le centre s’éloigne, plus ce lien me semble indispensable.  »

    «  En ville, les communautés locales changent beaucoup moins nos habitudes qu’à la campagne  », analyse pour sa part Laurent Vassort, 55 ans, délégué pastoral dans le centre-ville de Niort pour la quatrième année consécutive. Ici, jeunes couples et actifs se retrouvent chaque dimanche à la messe. «  Nous nous concentrons surtout sur l’organisation de la messe, du catéchisme et des visites aux personnes âgées  », résume ce pneumologue, père de six enfants, qui ne nourrit «  aucune inquiétude  » quant à la présence future de prêtres dans son église de centre-ville.

    S’il reconnaît que l’existence des communautés locales encourage les chrétiens à s’engager, il insiste néanmoins sur «  la tentation de certains laïcs de vouloir prendre le pouvoir  ». «  Le prêtre est le pasteur. C’est à lui de trancher dans certains domaines  », estime-t-il.

    Car, au risque de friser le paradoxe, la place du prêtre, de plus en plus rare – le diocèse devrait en compter 41 de moins de 75 ans en 2024 –, n’en demeure pas moins une préoccupation centrale des membres des communautés locales. Dans les conversations revient inévitablement le même constat : «  Tout dépend de la marge de manœuvre qu’il accepte de laisser aux laïcs , avance Sylviane Mallet, 65 ans, ancienne travailleuse sociale et déléguée pastorale à Niort. S’il accepte de faire partie de notre équipe, cela peut être le signe d’une très bonne coopération. Mais s’il refuse de jouer le jeu, cette attitude peut tout bloquer.  »

    Autre point sensible : la difficulté de renouveler les responsables. «  C’est le cas de la plupart des engagements dans l’Église , répond l’archevêque de Poitiers, Mgr Pascal Wintzer. Les communautés locales ne sont pas un outil pour gérer la pénurie de prêtre, mais une manière d’aider chaque chrétien à comprendre que la mission chrétienne repose aussi entre ses mains.  »

    «  Jamais je ne m’étais sentie aussi responsable  », juge Hélène Pensec, jeune retraitée très investie dans une communauté du sud de Poitiers. Chaque semaine, elle accueille dans son église les nouveaux venus. Depuis qu’elle a intégré l’équipe responsable de sa communauté, elle s’est penchée en détail sur plusieurs textes du Magistère, dont la dernière exhortation apostolique du pape François, La joie de l’Évangile. «  Ça a été une totale remise en cause personnelle sur ma manière de m’engager, dit-elle. Finalement, ce système m’a fait sortir d’une attitude de consommateur.  »

    une manière d’« entretenir des liens » dans cette zone rurale où les distances sont considérables et les villages faiblement peuplés.

     

     

     


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    io.-2i. April 1938: Vorbereitungsexerzitien für die ewigen bl. Gelübde

    Den hier zum ersten Mal veröffentlichten Text, dessen Handschrift sich im Archiv des Kölner Karmels befindet, verfasste Edith Stein in der Karwoche 1938 zur Vorbereitung auf ihre feierliche Profess im April des gleichen Jahres. Er befindet sich in einem Heft, in dem die Autorin ursprünglich einmal das Register zu ihrer Habilitationsschrift »Endliches und ewiges Sein« notiert hatte.

    Wir halten uns beim Abdruck des Textes an die Gestalt der Notizen, soweit sie ersichtlich ist. Insofern rührt eine anscheinend fehlende Systematik unmittelbar aus der Niederschrift Edith Steins. Unterstreichung der Hand­schrift wurden im folgenden kursiv gesetzt, Zwischenräume im Text durch einfache Leerzeilen markiert.

    Die Redaktion

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    Ostersonntag: Resurrexi et adhuc sum tecum!

    Der Auferstandene ist immer bei Dir! Ich glaube in der Tat, dass er Dich niemals verlassen hat. Der auferstandene Leib war ja nicht mehr an die Bedingungen irdischer Körper gebunden. Er konnte an mehr als einem Ort sein (wie auch in der sakramentalen Gegenwart).

    Und wenn Er den Jüngern bald hier, bald da vorübergehend erschien. -konnte Er doch ununterbrochen bei Dir sein. Im irdischen Leben hast Du das Kreuz mitgetragen, auch das Kreuz der Trennung, der Verlassenheit. Jetzt teilst Du die leidlose Seligkeit des Auferstandenen, empfängst den Dank Deiner Mutterfreude in unablässig gespendeter Liebe und göttlicher Lebensfùlle. Er hat Seine Hand auf Dich gelegt, Dein Leben ganz in Seines hineingenommen. So hat Er auch [auf] mich die Hand gelegt und Du hast Deine Hand auf mich gelegt, datë ich mit Euch das Kreuz trage und durch das Kreuz zu seligem Auferstehungsleben gelange. Unser Haus ist das Dei­ne, Königin des Friedens. Wenn ich [mich] hier für ewig dir und deinem Sohn weihe, so weihe ich mich zugleich dieser Deiner Familie. Ich muss ihr Kreuz tragen und mich einsetzen dafür, dass in jede Seele der wahre österliche Friede komme.

    O meine geliebte Mutter, Dir hat der Herr die Geheimnisse Seines Reiches anvertraut, Dir Seinen mystischen Leib übergeben. Dein Blick überschaut alle Zeiten, Du kennst jedes Glied, weisst seine Aufgabe und suchst es dahin zu lenken. Du hast unsern Orden aïs den Deinen angenommen. Du lenkst seine Geschicke. Du hast unser Haus ins Leben gerufen. Jede von uns ist durch Dich berufen und Dir zum Dienst verpflichtet. Ich danke •Dir2, dass Du mich berufen hast, ehe ich noch wusste, dass der Ruf von Dir kommt. Ich weiß nicht, was Du mit mir vorhast. Aber ich betrachte es als eine große, unverdiente Gnade, dass Du mich als Dein Werkzeug erwählt hast. Ich mochte mich wie ein gefügiges Werkzeug ganz in Deine Hände geben. Ich vertraue auf Dich, dafi Du das stumpfe Werkzeug tauglich machen wirst, weiseste, gütige, mächtige Jungfrau. Ecce adsum - suscipe me! Jetzt darf ich noch ganz still und verborgen mit Dir Ostern feiern. Du warst wohl mit dem Herrn nicht weit vom Grab, als die Frauen kamen. Er zeigte sich Magdalena, während die anderen schon zur Stadt zurückkehrten. Petrus und Johannes kommen auf die Botschaft der Frauen. Nachdem sic sich überzeugt haben, dass das Grab leer ist, will Petrus es den andern Jüngern sagen und begegnet dem Herrn unterwegs.1 Johannes hat sich wohl von ihm getrennt, um Dich aufzusuchen und Dir die Botschaft zu bringen. Vielleicht warst Du in Seine Wohnung zurückgekehrt. Und nun bist Du wohl mit ihm in den Kreis der Jünger gegangen und warst zugegen, als er durch die verschlossene Tür zu ihnen trat. Denn das war ein Ereignis, das die junge Kirche betraf. Und dabei bist Du nun immer anwesend, weil Du das Herz der Kirche bist.

     

    Ostermontag: Emmaus. Warum zeigt sich der Herr in den Erscheinungen der Osterzeit in einer Gestalt, in der ihn die Jünger nicht sofort erkennen? Sein Bild, wie sie Ihn im Leben gekannt hatten, war ihnen doch sicher unauslöschlich eingeprägt. Der hl. Gregor nimmt die Ewige Wahrheit gegen den Verdacht der Luge in Schutz. Er nennt den Heiland einen bildenden Künstler, der seine Erscheinung so gestaltet, wie sie der geistigen Verfassung der Jünger entspricht. Weil sie von Ihm sprechen, ist Er ihnen nahe; weil sie zweifeln, sehen sie nicht Seine wahre Gestalt. Aber liegt nicht eben in dieser wechselnden und gegenüber dem vertrauten Aussehen veränderten Gestalt gerade eine Offenbarung der neuen, der auferstandenen Natur? Der Auferstandene hat eine ganz andere Macht und Freiheit dem Leib gegenüber als unter den irdischen Bedingungen. Er ist viel mehr »Bildner«. Es wird - wie auch durch das Einkehren bei verschlossener Tür - gezeigt, dass der Heiland nicht wiedergekehrt ist, wie Er war, sondern in verklärtem Leib. (So konnte auch kein Zweifel entstehen, ob Er wirklich gestorben sei.)

    Sie erkennen den Herrn beim Brotbrechen. Die sakramentale Gegenwart gibt Ihn innerlich zu erkennen und öffnet die Augen. Aber dann entschwindet Er. Alle österlichen Erscheinungen sind nur ein Pascha, ein Vorüberging. Auch die Vereinigung in der hl. Kommunion ist nur ein Vorüberging. Wüssten wir nur diese Augenblicke recht zu würdigen und bliebe unser Herz brennend davon. Die Wirkung soll ja eine dauernde sein. Sein Blut ist wahrhaft ein Trank und Sein Leib wahrhaft eine Speise. Wir werden dadurch Ein Leib mit Ihm und in unseren sterblichen Leib wird der Samen des unsterblichen Glorienleibes gelegt. Nun sollten wir ganz Glieder Seines Leibes und nur von Seinem Geist bewegt sein. Soweit wir unsere Seele nicht Seinem Geist öffnen und uns von ihm leiten lassen, sind wir tote Glieder und verunstalten den mystischen Leib.

    Die Priester sind Ausspender der Geheimnisse Gottes. Durch ihren Dienst wird der mystische Leib gebildet. Den Herrn in der Hand unwürdiger Priester zu sehen, muss Maria so schmerzen wie Ihn in den Händen der Henker zu sehen. Sie hat es wohl unserer hl. Mutter eingegeben, in ihrem Orden Gebet und Opfer für die Priester so dringend einzuschärfen.

    Meine Mutter, heute war es schon wie ein Abschiedstag. Die nächsten beiden Tage werde ich schon mit äußeren Vorbereitungen zu tun haben und nicht mehr so ganz still bei Dir und mit Dir beim Herrn sein dürfen. Darum habe ich Dich noch einmal ganz von Herzen gebeten, mich bereit-zumachen fur die Stunde der Vermählung. Vor allem uni eine glühende Reue, um alles auszubrennen, was in mir der Vereinigung mit dem Herrn im Wege war. Mach, dass ich wie Du sei, aïs ob ich nicht sei, kein Leben mehr habe als das Leben Jesu, mich vergesse und nur mehr Ihn weifi.

    Ich weiß, dass das, was ich über die Wahrheit gesagt und geschrieben habe, mich sehr strenge verpflichtet. Erinnere mich immer daran, wenn ich vom wahren Sein in etwas Scheinhaftes abgleite.

     

     

    Osterdienstag. Veritas et misericordia obviaverunt sibi.

     

    Wahrheit und Barmherzigkeit sind sich begegnet im Werk der Erlösung. Sie sind eins in Gott. Die Entsetzlichkeit der Sünde und die Macht der Finsternis sind offenbar geworden im Leiden und Sterben Jesu. Barmherzig­keit ist es, dass wir nicht zugrundegehen, sondern durch Seine Wunde ge-heilt werden, durch Seine Verlassenheit zum Vater geführt werden, durch Seinen Tod das Leben gewinnen. So ist die Wahrheit barmherzig und die Barmherzigkeit wahr. Auch in Deinem Herzen, Allerseligste Jungfrau, sind Wahrheit und Barmherzigkeit eins. Du hast Deine Augen nicht ge-schlossen vor dem furchtbaren Anblick des Leidens, doch Du hast Dich unser erbarmt und mit dem Herrn gesprochen: Vater, verzeihe ihnen. Wenn wir wahrhaftig sind, die Augen nicht schließen vor unsern eigene Sünden und Fehlern, sondern sie sehen und offen bekennen und wenn wir wahr­haft glauben an die Barmherzigkeit, dann kommt sie uns entgegen und be-freit uns. Und barmherzig sind wir auch andern gegenüber, wenn wir wahr sind; wenn wir ihre Mängel sehen und aufdecken, um sie befreien zu helfen. Aber wir sind nur wahrhaft wahr, wenn wir in Barmherzigkeit wahr sind: wenn nur reine Liebe uns treibt, wenn wir darauf Rücksicht nehmen, ras der andere tragen kann, wenn wir uns klar sind über unsere eigene Blindheit, darum die göttliche Barmherzigkeit anrufen und nicht dem eigenen Licht trauen, sondern uns unter die Leitung des göttlichen Lichtes stellen. - Wahrheit und Barmherzigkeit sind eins im Allerheiligsten Sakrament. Wahrheit ist es, dass wir der körperlichen Nähe und sinnen fälligen Gegenwart bedürfen; unfassliche Barmherzigkeit, das Du Dich in diesen Gestalten in unserer Mitte niedergelassen hast. Wahrheit ist es, dass Dein Kreuzesopfer nur eine blasse Tatsache der Vorzeit wäre, wenn es nicht täglich Gegenwart würde auf unsern Altären. Dein ganzes Leben, das für uns gelebt wurde, wäre »vergangen«, wenn Deine Barmherzigkeit es uns nicht immer wieder Gegenwart werden liesse im Kreislauf des Kirchenjahres. wahrhaft heiliger und heiligender Dienst ist das divinum officium, das die barmherzige Wahrheit der Heilsgeschichte offenbart und gegenwärtig wirksam macht - ein Dienst, der dem priesterlichen ganz nahekommt. -Unfassliche Wahrheit und Barmherzigkeit ist es, dass der Allmächtige Gott pich herablässt, ein armseliges Geschöpf in bräutlicher Vereinigung zu sich zu erheben. Du sagst es und ich glaube es, dass diese Vereinigung das Höchste ist, was einem Geschöpf auf Erden widerfahren kann, nur zu überbieten durch die Glorie. Wenn wir die hl. Gelübde ganz ernst nehmen, uns durch sie fur Dich freimachen und wahrhaft glauben an die umwandelnde Kraft Deiner Gnade und Barmherzigkeit, dann wird dieser ewige Bund auch durch die mystische Vermählung nicht überboten. Wie soll man sich würdig dafür bereiten? Ich kann es nicht. Aber ich vertraue auf Deine Gnade und die mächtige Hilfe Deiner Mutter.(dans Communio édition allemande, nov – déc 1998)

     

     

     

     


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